Montréal, 25 juillet 2021
Lors de nos recherches dans les archives, nous avons tenté de reconstituer les événements qui ont marqué l’histoire de La Guilde. Vu l'étendue des documents disponibles, cette tâche s'est avérée assez fastidieuse et, plus d’une fois, nous nous sommes perdus au fil de notre histoire. Nous sommes reconnaissantes envers tous ceux qui ont jugé ces informations dignes d'être conservées, car sans leurs efforts considérables, il n’aurait pas été possible de faire ce travail fascinant. Ceci étant dit, il y a tellement de détails et de trous dans notre histoire que, en tentant de trouver le prochain thème pour l’article Saviez-vous que…, nous avons fait plusieurs allers-retours. Nous avons finalement choisi d'aborder les différents emplacements, les rénovations et les différents noms qui ont ponctué le parcours identitaire de La Guilde. En espérant que cela vous aidera à comprendre qui nous sommes autant que cet exercice nous a permis de clarifier notre identité.
*La plupart des informations proviennent de notes d’assemblées générales ainsi que de communications internes et de documents de travail d’une section spécifique de nos archives (intitulée History, Trademark, Briefs, and Surveys).
Changements multiples : Une histoire de réussite
« Les gens se demandent comment cela a été accompli... Avec du travail, du travail, du travail, ainsi que l'amour provenant du contact avec des êtres humains passionnés qui cherchent à exprimer le meilleur d'eux-mêmes et qui ont parfois besoin d'un coup de main pour le faire. L'un des instincts les plus profonds de l'humanité est le désir de laisser derrière soi quelque chose de palpable… » (Peck 1934, 202).
Pour comprendre l'histoire et l'évolution de La Guilde, nous devons d’abord examiner deux idées majeures qui sont imbriquées dans chacun des événements qui nous définissent : la définition d'une guilde, ainsi que le Canadian Handicrafts Movement (Mouvement). Vous remarquerez que la mission de The Canadian Handicrafts Guild (en 1906) était étroitement liée au Mouvement.
On nous pose souvent la question : pourquoi une guilde ? Par définition, une guilde est « une association de personnes ayant des intérêts ou des activités communs ». Ce terme était parfaitement logique pour nos fondatrices, qui souhaitaient relancer, préserver et encourager les métiers d’art d’ici (Merriam-Webster.com ; Bulletin 1911, CHG). Créer une guilde signifiait offrir un espace aux artistes pour présenter et vendre leurs œuvres, mais aussi créer un espace pour partager et acquérir des connaissances. Il s’agissait d’un espace tant pour les artistes que pour les amateurs d’art. D'autre part, l'essor du mouvement a été motivé par les aspirations de nos fondatrices. Comme l’a dit H. G. Kettle dans The Canadian Forum, le mouvement était « [...] consacré au développement des métiers d’art, à la formation des artisans et artisanes ainsi qu’à la promotion de leur travail » (Kettle 1940, 112). Voyez-vous le lien ?
Au fil des ans, l'organisation a connu plusieurs changements de noms, lesquels étaient souvent accompagnés d’un déménagement, d’une rénovation ou d’une nouvelle identité visuelle (c'est-à-dire le logo et la signalisation). Afin de mieux visualiser ces périodes de transition, nous nous sommes amusés à placer ces événements sur une ligne du temps. Notre organisation a été connue sous trois noms : (1) The Canadian Handicrafts Guild, 1906-1967 ; (2) Canadian Guild of Crafts / Guilde canadienne des métiers d'art, 1967-2017 ; et (3) La Guilde, de 2017 à aujourd'hui.
The Canadian Handicrafts Guild
Pendant près de 30 ans, The Canadian Handicrafts Guild avait un local permanent à quelques adresses différentes autour du Square Phillips. Hormis quelques petites expositions, l'espace était surtout utilisé par la boutique, « Our Handicraft Shop ». En 1916, l'organisation a déménagé au 598a rue Sainte-Catherine [fig. 1]. Cette photographie de la façade de la boutique est la plus ancienne que nous avons trouvée dans nos archives.
Les nombreux déménagements de La Guilde partagent tous un dénominateur commun : la difficulté de trouver le prochain emplacement. Nous avons trouvé des échanges sur plusieurs années avant qu'elles ne se décident finalement sur le 2019 rue Peel, où elles sont restées (avec quelques rénovations et agrandissements) pendant environ 68 ans. Comme le montre la figure 2, la nouvelle boutique portait le nom « Canadian Handicrafts Shop », dont la figure 3 donne un aperçu de l’intérieur.
The Canadian Handicrafts Guild s'est rapidement établi une réputation pour ses standards en termes d’excellence et d’innovation. Afin d’afficher cette notoriété bien méritée, c’est en 1937 que « l’étoile blanche à six branches, ou flocon de neige, sur un fond bleu foncé entouré d'un texte et d'un cercle jaune » (Patent, 1937) devient officiellement la marque déposée de The Canadian Handicrafts Guild [fig. 4]. Toutes les œuvres disponibles à la boutique portaient fièrement ce sceau de qualité. Non seulement l'organisation définit des normes de sélection, mais elle amorce aussi un travail sur son identité. La marque faisait également office de logo, apparaissant pour la première fois sur les en-têtes, les invitations, les publications, etc. En plus de faire la promotion des œuvres et des artistes, The Canadian Handicrafts Guild commençait à se promouvoir en tant qu'organisation et à sensibiliser le public à son travail. Signe que La Guilde était prête à affronter toute épreuve et déterminée à continuer ses activités à long terme. Ces femmes avant-gardistes savaient parfaitement comment s'adapter à l’ère du temps. Ce n'est qu'en 1938, lorsque l’organisation déménage au 2025 rue Peel [fig. 5], que l'on commence à parler de galeries et d'expositions dans nos propres locaux. Les différents types d'expositions et d'espaces galerie seront adressés dans un prochain article de la série Saviez-vous que…
Guilde canadienne des métiers d'art
Du « Our Handicrafts Shop » à The Canadian Handicrafts Guild, l'organisation a évolué en parallèle avec le Canadian Handicrafts Movement et, en 1967, « [...] le mot “Handicrafts”, tel qu'utilisé actuellement, ne correspond plus aux objectifs de l'organisation ; en fait, il nuit à la compréhension de ses objectifs par le public » (Assemblée générale, 1965). Ainsi, il a été voté de changer le nom de l'organisme pour la Canadian Guild of Crafts et, en français (pour la première fois !), la Guilde canadienne des métiers d'art. La version abrégée « The Guild » demeure en usage. Le terme « Handicrafts » était contraignant car il faisait référence à l'action concrète de l’artisan et non à son métier ou à sa pratique. C'était un lien direct à l’artisan ou artisane, par opposition à l’artiste, terme représentant notre vision actuelle. Cesser d’employer le terme « Handicrafts » permettait également d'élever le statut des œuvres et les compétences requises pour les réaliser. C'était une façon pour l'organisation d'être plus contemporaine.
Au moment du premier changement de nom, l'organisation a entrepris une rénovation substantielle des espaces de la galerie au 2025 rue Peel. Ces travaux coïncidaient avec l'Expo 67 et une exposition majeure intitulée Crafts Canada '67. Les changements effectués à l'intérieur de l'édifice permettaient d'offrir plus de services aux artistes, y compris plus d'espace pour les œuvres dans la boutique et les galeries [fig. 7] ainsi qu’un plus grand espace dédié à la collection permanente (Sklov, 1967). Nous considérons ces changements comme le début de la structure que nous utilisons actuellement, où les expositions temporaires, la galerie (Shop à l'époque) et l'exposition permanente coexistent de manière plus égale. Après tout, La Guilde a été fondée au début du 20e siècle dans le but de préserver les métiers d’art canadiens et d’encourager le développement de nouveaux talents. Tel qu’illustré dans le plan [fig. 10], l'une des principales adaptations de l'espace était l'ajout d'une signalisation pour définir les différentes galeries, telles que la Galerie d'art esquimau, la Galerie décor et la Galerie des artisans [fig. 9]. À cette époque, le terme esquimau était utilisé pour désigner les peuples autochtones habitant dans les régions de l’Arctique. La Guilde canadienne des métiers d'art utilisait ce terme plus spécifiquement pour désigner les autochtones vivant au-dessus du cercle polaire au Canada. Utilisés par les colonisateurs de manière raciste, nous reconnaissons la connotation péjorative et dégradante du terme et utilisons aujourd'hui l'appellation Inuit, qui signifie « peuple » en inuktitut (Hersher, 2016).
La Guilde a connu un autre agrandissement majeur sur la rue Peel. En 1974, elle ouvre ses nouveaux locaux au 2019-2025 rue Peel, offrant encore plus d'espace pour l'exposition et l'entreposage de la collection permanente, ainsi qu'une augmentation du nombre d'œuvres pouvant être présentées en tout temps. Grâce à la création d’espaces dédiés, qui a débuté avec les rénovations de 1967, l’art Inuit, à titre d’exemple, était présenté à longueur d'année. De plus, cette nouvelle disposition permettait d'être plus attentif à la manière dont les œuvres étaient mises en espace. On observe de plus en plus d’expositions portant sur des thématiques et des médiums spécifiques. Au fur et à mesure que l'espace s'agrandit, une approche holistique est adoptée et, avec un espace plus ouvert et moins encombré, les œuvres peuvent respirer et être mises de l'avant [fig. 8]. Un grand changement par rapport à l’esthétique de présentation aperçu lors de la première exposition en 1902 (voir Une lettre d'amour à nos fondatrices : les origines) ! Ceci est aussi influencé par l'évolution du marché et le type d'œuvres que les gens recherchaient. Comme le démontrent les figures 11-12, cette transformation se traduit également dans la signalisation, qui devient plus épurée et simplifiée (nouvelle enseigne dans la figure 13). Ces modifications de l'espace et de l'identité visuelle ont également été accompagnées d'un nouveau logo, une main en noir et blanc [fig. 14], qui a remporté un certificat d'excellence "[...] pour son niveau supérieur de conception parmi les marques contemporaines les plus impressionnantes incluses dans Top Symbols and Trademarks of the World publié par Deco Press" à Milan (Patent, 1974).
La fin des années 90 a été particulièrement difficile pour La Guilde, car un avis d'expulsion est émis pour l’adresse de la rue Peel. Après plus de 60 ans dans ce lieu, La Guilde est forcée par la ville à évacuer, car le bâtiment n'était pas jugé sécuritaire. Il a fallu quelques années avant de trouver de nouveaux locaux puisqu’aucun lieu ne répondait aux besoins. En 2001, l'inventaire et la collection sont emballés, et un nouveau domicile est établi au 1460 rue Sherbrooke Ouest [fig. 15-16]. Les locaux n'étaient pas parfaits, mais La Guilde devait agir rapidement. L'objectif était d'obtenir un espace plus uniforme, idéalement sur un seul niveau. Vous voyez où je veux en venir ? En raison de la configuration sur plusieurs étages, il était extrêmement difficile de déplacer les œuvres d'un étage à l'autre. De plus, les espaces de présentation et les œuvres étaient divisés, complètement isolés et privés d'un dialogue fluide entre eux. Avec des espaces cloisonnés, il était difficile d'offrir aux visiteurs une expérience homogène. Les aspects architecturaux présentaient également leur lot de défis, avec très peu de murs pour exposer des œuvres encadrées. Avec les structures en bois fixes, l'espace n’était pas modulable. Lorsque La Guilde quitte cet espace en 2017, le bois est donné à l'École d'ébénisterie de Montréal. Selon les histoires racontées par nos collègues, il est impossible d'imaginer comment le travail que nous faisons aujourd'hui pourrait exister dans cet espace. Cette expérience, si différente de notre réalité actuelle, est un moment important de notre histoire.
La Guilde
Un tournant majeur pour La Guilde a lieu lorsque notre espace actuel au 1356 rue Sherbrooke Ouest devient disponible. Contrairement à tous les autres espaces que nous avons occupés dans le passé, cet espace était sur un seul niveau, et toutes les "galeries" pouvaient communiquer entre elles. Il permet enfin de présenter tous les volets de nos activités dans un espace unifié, et ainsi créer des connexions et des conversations entre la collection de La Guilde, les expositions temporaires et la galerie. Pour la première fois, La Guilde peut proposer une expérience totalement différente : le white cube. De nombreux travaux de rénovation transforment l’espace en un lieu magique que nous chérissons tant aujourd'hui. Fait inédit : à l'origine, le local était occupé par Holt Renfrew. Pendant plusieurs années, la présidente de notre conseil d'administration gardait un œil sur cet espace, et ce fut un rêve devenu réalité lorsqu'il s'est finalement libéré. Les figures 17 et 19 montrent comment notre présentoir arrondi, désormais un emblème de La Guilde, a été adapté à partir de l'infrastructure existante. La hauteur des plafonds et le plan de l'espace [fig. 18 et 20] nous permettent de réaliser de nouveaux projets qui n'étaient pas possibles auparavant, d'accueillir des installations, d'avoir un inventaire plus vaste, mais aussi d'accepter des pièces beaucoup plus larges, privilège que nous n’avions pas auparavant en raison des multiples escaliers.
Tout comme le changement de nom en 1967, lorsque « Handicrafts » ne répondait plus à nos besoins, la Guilde canadienne des métiers d'art (en français et en anglais) n’était plus aussi accessible. La version abrégée « The Guild », couramment utilisée depuis sa fondation en 1906, semblait être un nom plus simple et plus facile à mémoriser. Le nom en français rejoignait un public plus large comme il était facilement prononçable dans les deux langues. Avoir un seul nom renforçait davantage notre identité. Il a donc été décidé d'utiliser La Guilde en tant que nom officiel. Le nouveau logo porte fièrement l'année de notre fondation, 1906, comme un rappel de notre histoire et de notre évolution, de The Canadian Handicrafts Guild à la Guilde canadienne des métiers d'art, puis à La Guilde. Le logo incarne la raison d’être de notre organisation — préserver les métiers d'art de toutes sortes, partager les connaissances, échanger entre nous, communiquer avec le public ainsi que créer des liens et des collaborations à travers nos actions. La Guilde est, et sera toujours, un lieu d'apprentissage et de partage d'expériences.
Genevieve Duval
Responsable de la programmation et des communications
RÉFÉRENCES
- Bulletin : Self Help - Not Charity, What the Guild is? Publié par The Canadian Handicraft Guild, 1911. C11 D1 059 1911. Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
- Certificate of Excellence, 1974. Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
- Hersher, Rebecca. « Why You Probably Shouldn't Say "Eskimo". » NPR. April 24, 2016. Consulté le 21 juillet 2021. https://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2016/04/24/475129558/why-you-probably-shouldnt-say-eskimo.
- Kettle, H. G. « The Canadian Handicrafts Movement. » The Canadian Forum (1940:112-114).
- Peck, Alice. Handicrafts From Coast to Coast. Montreal: The Canadian Geographical Society, 1934. Réimprimé par la Canadian Handicrafts Guild.
- Merriam-Webster.com, s.v. « Guild, » consulté le 19 juillet 2021, https://www.merriam-webster.com/dictionary/guild.
- « Notes. » Assemblée générale de The Canadian Handicrafts Guild, Montréal, 1965. Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
- Trademark Registration Patent, 1937. Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
- Sklov, Shirley. « Agrandissements et transformations. » Communiqué de presse, 1967. Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
IMAGES
(1) Photo de 598a Sainte-Catherine, 1927, C16 D3 002 1927.(2) Photo de la façade du 2019 Peel Street, 1935, C16 D3 006 1933.
(3) Photo de l’intérieur du 2019 Peel Street, 1933, C16 D3 008 1933.
(4) Photo de la marque déposée, 1936.
(5) Photo de la façade du 2025 Peel Street, 1969, C16 D3 029 1969.
(6) Détails d’une en-tête, 1967.
(7) Photo de l’intérieur du 2025 Peel Street, 1968. C16 D3 033 1905-78.
(8) Photo de l’intérieur de la galerie des artisans, 1968. C16 D3 033 1905-78.
(9) Photo du portail en métal de la galerie des artisans, 1978. C16 D3 033 1905-78.
(10) Photo des plans pour une nouvelle enseigne, 1967, D3 006 1974.
(11) Croquis de la façade, 1952, C16 D3 017 1952.
(12) Photo de la façade du 2019-2025 Peel Street, 1971, Publié dans Craft Dimension.
(13) Photo d’un plan pour une nouvelle enseigne, 1974, D3 006 1974.
(14) Logo de la Guilde canadienne des métiers d’art, 1988. C13 D2 661 2001.
(15) Photo du devant du 1460 rue Sherbrooke Ouest, 2005.
(16) Photo de l’intérieur du 1460 rue Sherbrooke Ouest, 2014.
(17-18) Photos des rénovations au 1356 rue Sherbrooke Ouest, 2017.
(19) Photo de la façade du 1356 rue Sherbrooke Ouest, 2017.
(20) Photo de l’exposition du Prix François-Houdé 2020, 2021.
© La Guilde, Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.
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