La Guilde « évoque des personnes, des personnes exceptionnelles et leurs réalisations ». – Virginia J. Watt, 1976
La Société artistique des femmes du canada
En 1894, quelques femmes se sont réunies dans le but de fonder la branche de Montréal de la Société Artistique des Femmes du Canada, avec Mme Alice J. Peck comme première présidente. Ces femmes étaient vivement animées par le désir de faire revivre et encourager les arts et métiers du pays. Offrant un large éventail d’activités destinées aux femmes ayant des intérêts communs, notamment des cours de dessin, des conférences, des formations, des ateliers et des visites guidées d’expositions, cette organisation était le prédécesseur de La Guilde.
Incorporation et mission
La Guilde – connue sous le nom The Canadian Handicrafts Guild de 1906 à 1966 et la Guilde Canadienne des Métiers d’art de 1967 à 2017 – a été fondée à Montréal en 1906 par Alice J. Peck et Martha May Phillips. Cet organisme à but non lucratif a joué un rôle majeur dans le développement culturel et artistique au Canada. À l’ère du développement industriel, ces deux femmes avant-gardistes souhaitaient préserver, encourager, promouvoir et développer les savoir-faire du pays. Leurs efforts et leur passion ont mené à de nombreuses activités, incluant différents types d’expositions, des conférences, des formations et des concours, qui permettaient d’offrir des opportunités aux artistes et artisans afin qu’ils puissent vivre pleinement et dignement de leur métier – particulièrement les personnes vivant dans les régions éloignées, incluant les femmes, les autochtones, les immigrants et les personnes ayant un handicap. La Guilde a rapidement déployé ses activités en établissant des succursales et des sociétés affiliées à travers le pays ainsi qu’à l’extérieur de ses frontières. Plusieurs autres organisations canadiennes reliées aux métiers d’art, dont certaines sont aujourd’hui bien établies, peuvent retracer leurs origines à La Guilde.
Pourquoi une guilde
On nous pose souvent la question : pourquoi une guilde ? Par définition, une guilde est « une association de personnes ayant des intérêts ou des activités communs ». Ce terme était parfaitement logique pour nos fondatrices, qui souhaitaient relancer, préserver et encourager les métiers d’art d’ici (Merriam-Webster.com ; Bulletin 1911, CHG). Créer une guilde signifiait offrir un espace aux artistes pour présenter et vendre leurs œuvres, mais aussi créer un espace pour partager et acquérir des connaissances. Il s’agissait d’un espace tant pour les artistes que pour les amateurs d’art. Les aspirations de nos fondatrices ont d’ailleurs motivé en grande partie l'essor du Canadian Handicrafts Movement.
Le début de l’art Inuit
En 1948, La Guilde entame une étroite collaboration avec James Houston, lequel revenait tout juste d’un voyage à Port Harrison (Inukjuak, Nunavik) et était accepté par les communautés du Nord. De la même manière que La Guilde, Houston reconnaissait la beauté des pièces en pierre. En partenariat avec la Compagnie de la Baie d'Hudson, Houston est parti à Puvirnituq et Akulivik (Cape Smith) pour commencer le projet et acheter des œuvres Inuit pour La Guilde. Son mandat impliquait également la création de ports dans différentes régions où les objets pouvaient être achetés par le biais du système déjà établi par la Compagnie de la Baie d'Hudson. Les responsables des ports acceptaient des sculptures Inuit au nom de La Guilde, permettant ainsi que le projet se poursuive longtemps après le départ de Houston.
En automne 1949, Houston est revenu de son voyage avec près de mille articles. L’exposition prévue pour la fin du mois de novembre devait durer une semaine entière. Au grand étonnement de tous, la totalité des mille articles s’est vendue en seulement trois jours. C'était la toute première exposition purement dédiée à la présentation et à la vente d'art Inuit. Bien que La Guilde n'ait pas été la seule à se lancer dans de telles activités, elle a été la première à y parvenir avec succès.
La Guilde canadienne des métiers d’art
Du « Our Handicrafts Shop » à The Canadian Handicrafts Guild, l'organisation a évolué en parallèle avec le Canadian Handicrafts Movement et, en 1967, « [...] le mot “Handicrafts”, tel qu'utilisé actuellement, ne correspond plus aux objectifs de l'organisation ; en fait, il nuit à la compréhension de ses objectifs par le public » (Assemblée générale, 1965). Ainsi, il a été voté de changer le nom de l'organisme pour la Canadian Guild of Crafts et, en français (pour la première fois !), la Guilde canadienne des métiers d'art. La version abrégée « The Guild » demeure en usage. Le terme « Handicrafts » était contraignant car il faisait référence à l'action concrète de l’artisan et non à son métier ou à sa pratique. C'était un lien direct à l’artisan ou artisane, par opposition à l’artiste, terme représentant notre vision actuelle. Cesser d’employer le terme « Handicrafts » permettait également d'élever le statut des œuvres et les compétences requises pour les réaliser. C'était une façon pour l'organisation d'être plus contemporaine.
En 1936, les articles de la constitution et les règlements de The Canadian Handicrafts Guild ont été révisés pour faciliter la coopération et donner plus d'autonomie aux succursales. Cette restructuration mène à la distinction entre les succursales provinciales et le siège social national. The Canadian Handicrafts Guild à Montréal devient la succursale provinciale du Québec et prend en charge tous les actifs et les passifs, y compris le Canadian Handicrafts Shops et les locaux du 2025 rue Peel, espace qui a été occupé par La Guilde pendant plus de 60 ans. En 1967, les succursales provinciales deviennent des organisations de métiers d'art autonomes, dotées de leur propre charte provenant de leur gouvernement territorial respectif. En 1974, le siège social national de la Guilde canadienne des métiers d’art devient le le Conseil canadien des métiers d'art – connu aujourd'hui sous le nom de Fédération Canadienne des Métiers d'art.
La Guilde aujourd’hui
Un tournant majeur pour La Guilde a lieu lorsque notre espace actuel au 1356 rue Sherbrooke Ouest devient disponible. Contrairement à tous les autres espaces que nous avons occupés dans le passé, cet espace était sur un seul niveau, et toutes les "galeries" pouvaient communiquer entre elles. Il permet enfin de présenter tous les volets de nos activités dans un espace unifié, et ainsi créer des connexions et des conversations entre la collection permanente de La Guilde, les expositions temporaires et la galerie. Pour la première fois, La Guilde peut proposer une expérience totalement différente : le white cube. De nombreux travaux de rénovation transforment l’espace en un lieu magique que nous chérissons tant aujourd'hui.
Tout comme le changement de nom en 1967, lorsque « Handicrafts » ne répondait plus à nos besoins, la Guilde canadienne des métiers d'art (en français et en anglais) n’était plus aussi accessible à l’ère du 21e siècle. La version abrégée « The Guild », couramment utilisée depuis sa fondation en 1906, semblait être un nom plus simple et plus facile à mémoriser. Le nom en français rejoignait un public plus large comme il était facilement prononçable dans les deux langues. Avoir un seul nom renforçait davantage notre identité. Il a donc été décidé d'utiliser La Guilde en tant que nom officiel. Le nouveau logo porte fièrement l'année de notre fondation, 1906, comme un rappel de notre histoire et de notre évolution, de The Canadian Handicrafts Guild à la Guilde canadienne des métiers d'art, puis à La Guilde. Le logo incarne la raison d’être de notre organisation — préserver les métiers d'art de toutes sortes, partager les connaissances, échanger entre nous, communiquer avec le public ainsi que créer des liens et des collaborations à travers nos actions. La Guilde est, et sera toujours, un lieu d'apprentissage et de partage d'expériences.
IMAGES
Photo de couverture : Photo de l’intérieur du 2019 Peel Street, 1933, C16 D3 008 1933.(1) Portrait de Martha May Phillips, II-140198.1, Photographie, Mlle Phillips, Montréal, QC, 1901 | Portrait d’Alice J. Peck, II-103449, Photographie, Mme James Peck, WM. Notman & Sons, Montréal, 1894. © Musée McCord.
(2) Pamphlet de la Société Artistique des Femmes du Canada, 1904, C11 D1 022 1904.
(3) Photo des Trade Marks, 1905.
(4) Photo de l’exposition de textiles de la Société Artistique des Femmes du Canada, 1905, C11 D1 024 1905.
(5) Photo de l’exposition Canadian Handicrafts, 1902, C4 D1 001 1902.
(6) Sélection de James Huston, 1949, C10 D1 026 1949.
(7) Photo de 598a Sainte-Catherine, 1927, C16 D3 002 1927.
(8) Photo de la façade du 2025 Peel Street, 1969, C16 D3 029 1969.
(9)Photo de la façade du 2019-2025 Peel Street, 1971, Publié dans Craft Dimension.
© La Guilde, Les archives de La Guilde, Montréal, Canada.