À partir du 2 mars 2024
Afin de souligner la Nuit Blanche à Montréal, notre équipe a préparé une vitrine spéciale à apprécier une fois la noirceur tombée. Le thème de cette micro exposition repose sur les notions d’érotisme et de sexualité dans les cultures autochtones. Voici les différents sujets que vous pourrez apprécier dans notre installation de vitrine sur le rue Crescent.
Sedna
Ces œuvres de la collection permanente de La Guilde vous invitent à entrer dans un univers où plusieurs entités mythologiques se rencontrent et cohabitent. Une figure centrale de la cosmologie Inuit est Sedna, connue comme la déesse des mers et des eaux profondes.
Bien qu’il en existe plusieurs versions, l’histoire de cette jeune fille dont les doigts furent coupés par son père parce qu’elle refusait de lui obéir est présente dans tout le cercle arctique. Ses doigts étant devenus les animaux marins, la respecter devient capital à la survie des Inuit. Manquer de respect à Sedna ou à ses enfants peut l’inciter à vous retenir dans ses cheveux, ce qui aurait des conséquences mortelles! Auquel cas, seul un Chaman peut alors la visiter avec un peigne sacré pour démêler sa crinière.
Plusieurs artistes imaginent cette divinité et la représentent selon leur perspective. Sedna enceinte ou en jeune femme qui se tresse les cheveux reflète les codes genrés associés à la féminité.
Perleuse et danseuse
La féminité est un élément important des cultures autochtones du pays. Matriarche et source de vie, elle est représentée au fil des années sous différentes formes. Dans l’imaginaire collectif de plusieurs Premières Nations, l'archétype féminin de la danseuse cérémonielle (pow wow), frôle à la fois le sacré, par son respect des ancêtres et sa spiritualité, et le désir par sa grâce et sa beauté. Autre archétype central, la perleuse est une figure typiquement féminine, désirée pour sa maîtrise des arts traditionnels, sa nature patiente, minutieuse et expérimentée.
L’artisane et la danseuse occupent toutes deux un rôle de premier choix dans la vie autochtone, car elles permettent une continuation des traditions et de la culture après l’arrivée du christianisme et des premiers pensionnats. Toutefois, la féminité autochtone reste aujourd’hui complexe, symbole sacré objectifié par la violence du génocide culturel.
Rêve
Le rêve occupe une place particulièrement importante dans l’imaginaire Inuit. C’est le lieu de toutes les transformations possibles, libres de toute contrainte. Le rêve est intimement lié au chamanisme puisqu’il permet de communiquer avec les autres mondes et d’accéder aux révélations du futur.
Traditionnellement, les rêves prenaient tout leurs sens dans le partage avec la communauté. Le garder pour soi pourrait même représenter un danger pour la santé du rêveur. Cette pratique de mise en commun s'est effritée avec l’arrivée du christianisme, une réalité qui est regrettée par certains Inuit de toutes les générations. Le traumatisme de la sédentarisation est encore bien présent.
Conception et textes : Émy Fontaine, Sharon Fontaine-Ishpatao, Guillaume Pelletier et Sawyer Tomlinson